Gaza : Le plan Trump force les pays arabes à agir – Enquête sur une solution régionale

Face à l'impasse politique, les dirigeants arabes se réunissent pour façonner l'avenir de Gaza.

Le plan de Donald Trump, un projet controversé pour la paix entre Israël et les Palestiniens, a suscité de vives réactions dans le monde entier. Mais, paradoxalement, il a aussi poussé les pays arabes à se réunir pour trouver une alternative. Bien que jugé illégal et inapplicable par de nombreux observateurs, ce plan a forcé la région à explorer d'autres solutions, particulièrement pour la bande de Gaza, territoire palestinien sous contrôle du Hamas depuis 2007. Le 21 février 2025, neuf dirigeants arabes se sont réunis à Riyad, en Arabie Saoudite, dans l'espoir de discuter des options de reconstruction et de gouvernance pour Gaza, un territoire ravagé par plus de quinze mois de guerre.

Un Plan Trump contesté, mais un catalyseur pour l’action arabe

Le plan de Donald Trump, lancé en janvier 2020, est basé sur un modèle de "solution à deux États", mais il a été largement rejeté par les Palestiniens et les pays arabes. Ce plan inclut une reconnaissance par Israël de l'annexion de territoires palestiniens, ce qui est jugé illégal au regard du droit international. Il propose également un statut spécial pour Gaza, mais avec des conditions jugées irréalistes et un futur incertain pour la population palestinienne. En réaction, plusieurs nations arabes ont manifesté leur mécontentement et, surtout, leur volonté de chercher une autre voie.

À la lumière de l'impasse politique et des désastres humanitaires à Gaza, une nouvelle dynamique a émergé. Lors de la réunion à Riyad, les dirigeants de six monarchies du Golfe, le roi de Jordanie, ainsi que les présidents d'Irak et d'Égypte ont entamé des discussions cruciales. Au programme : non seulement le financement de la reconstruction de Gaza, mais aussi la question épineuse de la gouvernance du territoire, toujours sous contrôle du Hamas, un groupe considéré comme terroriste par Israël et certains pays occidentaux.

Reconstruction de Gaza : Un défi colossal

La guerre a laissé Gaza dans un état de ruine totale. En plus des milliers de morts et de blessés, les infrastructures sont dévastées et la situation sanitaire est catastrophique. La reconstruction de Gaza sera une tâche herculéenne, nécessitant des milliards de dollars et un plan de réhabilitation global qui ne se limite pas seulement à la reconstruction physique des bâtiments, mais qui implique aussi une réorganisation de l'ensemble du tissu social et économique.

Le principal défi auquel se confrontent les pays arabes est d’arriver à allouer des fonds suffisants tout en évitant la fragmentation politique du territoire. Des nations comme l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis se sont montrées prêtes à investir, mais les divergences de vision entre les dirigeants régionaux et la difficulté d'intégrer toutes les factions palestiniennes dans un projet commun représentent des obstacles majeurs.

La gouvernance de Gaza : Un casse-tête pour les pays arabes

Le Hamas, qui dirige Gaza depuis 2007, est au centre des débats sur la future gouvernance du territoire. Bien que le groupe soit largement soutenu par une partie de la population gazaouie, il est aussi responsable de nombreuses tensions avec Israël et la communauté internationale. L’un des points de friction majeurs lors des discussions entre les pays arabes a été de savoir s’il fallait inclure le Hamas dans une solution politique ou chercher à créer une nouvelle structure gouvernementale qui pourrait inclure des représentants des autres factions palestiniennes, tout en limitant l'influence du groupe islamiste.

Le rôle du Hamas, ainsi que celui de l'Autorité palestinienne, dirigée par le Fatah, rend la situation encore plus complexe. L'unité nationale palestinienne semble plus que jamais indispensable, mais l'entente entre les différentes factions reste fragile et difficile à concrétiser.

Le rôle des acteurs régionaux et internationaux

Les pays arabes, en particulier l'Arabie Saoudite et l'Égypte, jouent un rôle central dans la recherche d'une solution. L'Arabie Saoudite, à la tête de la Ligue arabe, semble particulièrement déterminée à trouver une alternative au plan Trump, tandis que l'Égypte, qui partage une frontière avec Gaza, est impliquée directement dans les discussions sur la sécurité de la région.

Israël, de son côté, a exprimé son scepticisme à l'égard des initiatives arabes, soulignant la nécessité de prendre en compte ses propres préoccupations sécuritaires. Les États-Unis, bien que distants après l'ère Trump, restent un acteur incontournable dans la quête de la paix, tout comme l'Union européenne, qui continue de soutenir les efforts pour une solution à deux États.

Perspectives d'avenir : Le chemin reste semé d’embûches

Le futur de Gaza et de la région reste incertain. L'initiative arabe, bien qu'encourageante, devra surmonter des défis énormes. D’une part, la reconstruction nécessitera des financements massifs, et d’autre part, la question de la gouvernance et de la coexistence des différentes factions palestiniennes doit encore être réglée. Si les discussions à Riyad et au Caire ouvrent la voie à un plan régional, leur mise en œuvre pourrait s'avérer délicate face aux pressions internes et externes.

En outre, les récentes explosions de bus en Israël et la prise d’otages par des groupes extrémistes rappellent la fragilité de la situation et les risques de nouvelles escalades de violence.

Une solution arabe en quête de crédibilité

L’initiative des pays arabes pour la reconstruction et la gouvernance de Gaza offre une alternative intéressante au plan Trump, mais sa réussite dépendra d’une véritable volonté politique de la part des dirigeants régionaux. La mise en place d’une solution régionale pourrait-elle enfin permettre d'amorcer un processus de paix durable ? L’avenir proche nous le dira, mais une chose est certaine : Gaza est à la croisée des chemins, et le monde arabe pourrait bien être un acteur clé de son avenir.